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Au grand air comme dans la vie… dans les Cantons-de-l’Est

Rédigé par : Sarah-Émilie Nault

Sur le lac gelé, je suis assise sur une chaudière retournée sur laquelle on a posé un mini coussin de mousse. J’y serai une bonne partie de la journée, face à un amoureux tout aussi inconfortablement installé, mais lui aussi tout sourire. Entre nous, un trou creusé ce matin laisse s’échapper le souffle de l’eau qui se meut en dessous. Grande romantique devant l’éternelle, je ne peux m’empêcher de voir dans ce tableau statique que nous formons alors que nous taquinons le poisson au grand vent, une métaphore de la vie.

« Cela doit déjà avoir été écrit », me dit-il doucement lorsque je lui fais part de mon inspiration à rédiger ce billet. « Je sais que je lui réponds. Mais jamais par moi. » Si ce commentaire peut sembler arrogant, il n’en est rien, je veux simplement dire que si des gens ont déjà ressenti ce que je ressens en ce moment, les deux pieds dans la gadoue de ce lac pourtant bien gelé, cela doit être que je ne suis pas la seule à en être inspirée. Et puis que la façon dont j’écrierai tout cela sera unique, car la mienne. « Partir du personnel pour aller vers l’universel » disait le professeur d’une amie. Voilà.

Sur ce lac gelé donc, au cœur du parc national de la Yamaska et protégés du grand vent par une large tente, nous sommes initiés à la pêche blanche. Une excuse, dans mon cas, pour aller jouer dehors, expérimenter quelque chose de nouveau et me donner l’illusion que je suis en voyage.

C’est l’un de ces matins de janvier de pandémie où la simple idée de sortir de la maison m’enivre et me plonge dans le déni des temps froids. Le grand air, l’immensité du lac recouvert d’une bonne couche de neige tombée pendant la nuit et la forêt boréale me font déjà un bien immense, moi l’aventurière qui n’en peux plus de ne plus pouvoir m’envoler à fréquence régulière pour voir le monde.

Lorsque nous avons marché dans la neige mouillée, puis sur la glace du réservoir transi pour nous rendre jusqu’à notre abri, je n’ai d’ailleurs pu m’empêcher de m’imaginer être de retour dans cet Arctique qui a changé ma vie, braver le froid à l’autre bout du monde.

Ce matin, mon Québec me rassure et me redonne envie de croire qu’il y aura, à nouveau, des voyages ailleurs, loin ; comme il y en aura d’autres ici, juste assez ailleurs pour me réchauffer le cœur.

Les yeux vissés dans la cavité glacée, je suis hypnotisée comme lorsque je regarde, en été, un feu de joie crépiter. Comme chaque fois lorsque je suis au grand air, mes pensées vagabondent, des phrases s’écrivent toutes seules dans ma tête, l’inspiration me gagne, à en oublier de mouliner. Pour moi, tout est là, dans cette liberté de la tête qui se vide des tracas et des doutes pour se remplir d’air frais, de nouveaux mots et de pensées aussi douces que positives. Je suis immobile, mais étrangement bien, moi qui aie pourtant habituellement du mal à m’arrêter de bouger, de marcher, de skier ou de rouler. C’est l’hiver qui me calme ; le froid qui m’occupe, glaçant l’incertitude des derniers mois, m’occupant toute entière.

Immobile, silencieuse, j’imagine l’eau et ses courants se mouvant sous la surface. Je suis calme et patiente. J’attends.

Mon comparse, lui, a plutôt la bougeotte, occupé qu’il est à fixer les appâts sur les hameçons, à préparer du mate bien chaud pour nous réchauffer et à tenter de pêcher à l’aide de deux cannes à la fois. Son inspiration est orale ; il me raconte des histoires et me partage d’étonnantes connaissances, me fait rire avec ses blagues et sourire avec son style de pêcheur urbain. Nos différences, étrangement, nous unissent, tout comme ce plaisir partagé éloignant le quotidien.

« Cela nous représente bien je trouve, que je dis en levant la tête doucement vers lui. Je prends le temps d’être dans la contemplation, calme et silencieuse tout en patientant pour atteindre mon but, alors que tu es actif, enjoué, éparpillé et empressé à réaliser d’un coup tout ce que nous sommes venus faire. »

J’exagère un peu, je le sais bien, parce que dans la vie de tous les jours je tiens rarement en place… Mais tout de même, ce moment décrit bien nos états d’esprit respectifs, je trouve.

Je me rends alors compte que depuis la pandémie, cette propension que j’ai à faire des analogies et à voir comme des métaphores ou des signes plusieurs situations de la vie se fait encore plus forte qu’avant. Cela arrive généralement lorsque je suis en plein air et je sais que c’est tout sauf un hasard.

En randonnée, les défis des ascensions, les sommets atteints et les descentes précipitées me semblent former les plus justes images de notre nouvelle vie de confinés. En vélo, la vitesse, les coups de pédale à l’infini, les poussées d’adrénaline et la liberté m’offrent l’inestimable cadeau d’arriver à voir ce nouveau quotidien d’un œil différent. En ski de fond, mon enthousiaste remplace la technique que je n’ai pas encore développée, me confirmant qu’il faut parfois foncer malgré l’inconnu, qu’il y aura de longs bouts droits demandant plus d’efforts, des montées, des pentes douces et certaines, plus abruptes, où on se laissera descendre, le corps parfois instable, mais le sourire aux lèvres et les yeux juste assez froncés par le vent.

Ce sont des moments comme celui que je passe sur ce lac gelé qui m’éloigne du désespoir que pourrait me faire vivre notre coriace nouvelle réalité. En prenant les jours un à un, les choses comme elles sont, et en savourant les petits plaisirs de la vie et de la nature de mon Québec immaculé, je demeure cette fille remplie d’empathie et d’humanité qui arrive à voir du beau – et des douces métaphores des gens et de la vie – dans les petites choses. Car, comme l’écrivait Albert Camus « au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été »

Vous avez aussi envie de profiter du grand air tout en dénichant vos propres métaphores de vie dans les Cantons-de-l’Est ?  Ce ne sont pas les chalets à louer et les suggestions d’activités hivernales qui manquent, notamment :

-Le parc national de la Yamaska (Sepaq), propose, entre autres activités, 6 forfaits de pêche blanche. Sur le réservoir Chouinière (un réservoir naturel donc non ensemencé) bien gelé et sous une tente protégeant du vent, vous serez initiés à la pêche hivernale à la perchaude, l’achigan à petite bouche et peut-être même le doré !

(https://www.sepaq.com/pq/yam/index.dot?language_id=2)

-La randonnée du sentier du Round Top du parc d’environnement naturel de Sutton est truffée de paysages d’hiver inspirants et tout simplement féériques : https://www.parcsutton.com/

Plein air Sutton, vous pourrez explorer les sentiers parfaitement aménagés en ski de fond en raquettes (on y propose d’ailleurs la location) ou en randonnée. (https://www.pleinairsutton.ca)

-Le parc national du Mont-Orford est aussi un petit paradis pour les skieurs de fond et les randonneurs sur neige et alpine. (https://www.sepaq.com/pq/mor/index.dot?language_id=2)

 

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